Statue féminine, ouest de Sumba
Dans
le prolongement de l'exposition événement sur l'Art
papou de l'été dernier, l'équipe du MAAOA propose
une évocation unique de la sculpture d'Insulinde à
travers une cinquantaine de pièces dont plusieurs chefs-d'oeuvre
provenant des îles de Nias, Sumatra et La Sonde.
S'appuyant
sur une documentation particulièrement riche, cette manifestation
retrace différents aspects culturels de ces peuples "austronésiens"
sur une période allant d'une lointaine antiquité à
il y a quelques dizaines d'années. L'ensemble conservé
au musée Barbier-Mueller de Genève et animé
par son fondateur Jean-Paul Barbier, aborde trois thèmes
principaux. La communauté est représentée par
des pierres de fondation,
terrasses de justice, effigies protectrices...
Puis, des piliers taillés et/ou sculptés, des tables,
bancs, trônes, statues anthropomorphes... relatent le cycle
de la vie de l'individu. Enfin, la mort surgit à travers
des urnes et sarcophages à crânes ou à ossements,
statues ancestrales...
La première île, Nias, se
différencie par le caractère guerrier de sa société
structurée en clans et familles avec les "nobles",
le "peuple" et les esclaves, catégorie disparue
au début du XXe siècle. Chacune des trois parties
de l'île présente des types de pierre brute différents
correspondant à un système politique, une organisation
spatiale du village et des règles d'alliance matrimoniale
distinctes. Le nord se caractérise par les daro daro, simples
bancs et les gowe, lames de pierre dressées ou monumentales
statues anthropomorphes de plusieurs mètres de haut. Au centre
de l'île, des mégalithes érigés et couchés
étaient utilisés comme lits de justice, place d'honneur
et symbole de pouvoir. Parmi eux, se distinguaient les behu, pierres
verticales représentative de la grandeur d'un fondateur,
d'un chef de village. Ces pierres étaient coiffées
d'un osa osa, siège en forme de cerf ou d'oiseau. Au sud,
plus riche en ornements de pouvoir et d'appartenance à une
communauté villageoise, figuraient au-delà des pierres
verticales ou horizontales, des chaussées pavées,
des terrasses empierrées, des pyramides de saut...
Dans
le nord de la deuxième île, Sumatra, le pays batak
présente une grande créativité, expression de
croyances religieuses magiques ou rituelles dans divers matériaux
sculptés, fondus, gravés ou peints : sarcophages et
urnes à ossements, statues "équestres" prestigieuses
ou funéraires, statues magiques...
Le troisième
groupe, constitué par les petites îles de La Sonde,
est le reflet de ses trois composantes principales : Flores, Timor
et Sumatra.
Cet ensemble exceptionnel est très justement
mis en valeur dans la chapelle de la Vieille Charité avec
son dôme ovoïde dû à Pierre Puget. C'est
une occasion unique pour le public français de découvrir
cet aspect des "arts premiers" dans la plus vieille ville
de France.
Emmanuel Boutinard, phographies P.A
Ferrazzini
Vieille
Charité, 2 rue de la Charité, 2e, tél. 04 91 14 58 80
21 mai - 23 septembre 2001, tous les jours sauf le lundi